Les préparatifs de l’Aïd el-Kebir ont de quoi rendre chèvre

26 11 2008

Plus qu'une fête, l'Aïd el-Kebir est surtout un moment de partage et de rassemblement

Plus qu'une fête, l'Aid el Kbir est surtout un moment de partage et de rassemblement

Pour tous les musulmans pratiquants, la fête du sacrifice, l’Aïd el-Kebir (appelée aussi Aïd el-Adha) ne se prend pas à la légère. Plus importante fête de l’Islam, elle marque la fin du pélerinage vers la Mecque par le sacrifice d’un mouton (parfois un agneau, un bélier ou une chèvre) suivant un rituel ancestral précis. Forte d’une communauté musulmane importante d’«environ 250.000 personnes » selon l’Union des Familles Musulmanes des Bouches-du-Rhônes (UFM13), la région Paca s’organise chaque année pour permettre aux pratiquants de célébrer cette fête, dans le respect des traditions et des normes sanitaires. A l’approche de celle-ci, prévue cette année le 7 décembre, les préparatifs ont été bousculés : l’abattoir du site de Saint-Louis a été mis hors d’usage pour cause de risque d’effondrement.

Les chiffres sont impressionants : « on sacrifie près de 5000 moutons à chaque Aïd » confie Rafik Ben Messaoud, l’organisateur du sacrifice. Pour lui, la fermeture de l’abattoir de Saint-Louis, ne viendra que modifier légèrement leur projet, « la mairie nous a préparé un chapiteau sur le parking à côté de l’abattoir, nous avons fait de gros investissements avec deux chaînes semi-automatiques et la police va réserver une rue pour les consommateurs » explique Rafik. Un abattoir improvisé en pleine rue, qui recevra « 15.000 personnes qui arriveront en même temps, mais nous sommes une centaine de personnes dans l’organisation. Tout sera au point » confie l’organisateur. Le Comité des Chevillars Marseillais (CCM) sont des spécialistes de l’Aïd el-Kebir. Avec leur 20 ans d’expérience, le CCM envisage ce changement d’organisation avec moins de sérénité : « avoir un site pérren serait parfait. Les consommateurs ne sont pas tous véhiculés et on espère donc un bout de terrain permanent sur Saint-Louis car les gens y sont habitués » même si le comité note une évolution positive malgré tout: « avant c’était anarchique. Le particulier venait avec son petit couteau et il n’y avait pas de soucis d’hygiène et de respect. Il ne reste que des professionnels et les carcasses sont sous contrôle vétérinaire ».

Belaid Cashi possède deux boucheries Hallal dans la cité phocéenne. Pour lui, si l’Aïd n’est pas la fête la plus importante en terme de manne financière (le Ramadan est largement devant), c’est surtout « un moment privilégié de l’année », l’occasion d’être « un petit peu plus conciliant avec les clients quand on sait qu’en moyenne un mouton coûte 200 euros et qu’on est confronté à des familles pas très aisées ». Une somme qui lui fait donc « un important chiffre d’affaire sur la première journée » mais qui en contrepartie provoque « 10 jours suivants plus difficiles ». D’ailleurs, Belaid ne s’avise pas de prendre plus de « 500 moutons » commandés, il connait l’importance du rituel, le timing est limité pour allier respect de la tradition et quantité: « la prière de l’Aïd doit être exécutée avant le sacrifice et elle a lieu généralement à partir de 8h30 du matin. On donne un horaire au client pour qu’il vienne chercher son mouton même s’il le veut généralement juste après. Il faut qu’on se rende à l’abattoir de Sisteron et qu’on sacrifie le mouton en se tournant vers la Mecque. On ne peut pas faire autrement ».

Arnaud ROLLET